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Les platistes de l’énergie prennent la plume ? Non, le mix énergétique français n’est pas décarboné à 95%

FocusNeutralité carbonePolitiques publiques
15 janvier 2025

Il semblerait que « l’air » de la post-vérité ait profondément inspiré les cerveaux de certains, qui, dans l’atmosphère générale de désinformation, se sont dit qu’à force de répéter un mensonge il pourrait se déguiser en vérité. Il convient donc de rappeler, aux gentils rédacteurs de la tribune parue le 13/01 dans Le point, la différence entre le mix énergétique et le mix électrique et pourquoi leur tribune est un non-sens.

Dans un contexte de contrainte budgétaire, supprimer les investissements publics qui permettent à la France de renforcer la maitrise de son destin énergétique, qui est un des moteurs essentiels de la croissance, serait clairement un sabordage, que « le Général » n’aurait pas permis.

Le mix énergétique n’est pas le mix électrique

Le mix énergétique représente l’ensemble de l’énergie consommée en France. Il est composé d’une part, d’électricité pour environ 40% et d’autre part d’énergies fossiles pour environ 60%. Si le mix électrique en France est bien issu de sources de production décarbonées à 95% (nucléaire, et renouvelables), la majorité de notre énergie consommée est toujours d’origine fossile importée. En bref, seulement 40% du mix énergétique français est aujourd’hui décarboné. Il est donc absolument, scientifiquement et factuellement faux de dire, et d’écrire, que le mix énergétique français est décarboné à 95%. Un fait n’est pas une opinion et la terre n’est pas plate .

L’instrumentalisation politique des énergies décarbonées est la négation d’une transformation positive : l’ère de l’électrification

La répétition de fausses informations conduit sur une trajectoire à l’opposé de l’intérêts des filières décarbonées et plus grave, de notre souveraineté. Maintenir vivace l’opposition factice entre les énergies électriques décarbonées et s’attaquer aux renouvelables, dans une optique purement idéologique, est un véritable non-sens. Elle amène à une négation complète de l’électrification des usages, qui comme chacun sait, est un des premiers éléments pour renforcer la souveraineté de notre pays en nous sevrant de notre extrême dépendance à l’énergie fossile importée, première source d’émission de CO2eq en France.

Cette électrification représente factuellement une opportunité d’élargissement de la taille des marchés pour l’ensemble des acteurs de la production d’électricité décarbonée, donc pour les renouvelables et le nucléaire. C’est un atout économique et un levier de compétitivité dans une Europe qui réalise douloureusement sa dépendance aux énergies fossiles. Ceux, qui ont matin midi et soir, le mot souveraineté à la bouche devrait méditer sur cette réalité : la croissance s’est toujours fondée sur une énergie abondante et bon marché.

Les énergies renouvelables électriques comme opportunité de leadership industriel

L’éolien et le solaire sont déjà un vivier d’emplois en France, avec plus de 50 000 emplois dans ces filières avec une trajectoire de croissance à deux chiffres depuis plus de 7 ans. Des projets industriels d’envergure, tels que, la gigafactorie de batteries à Dunkerque prévoyant d’embaucher 2000 personnes, les infrastructures maritimes permettant de construire les éoliennes en mer comme au Havre ou à Saint Nazaire ou encore le futur centre de production de panneau solaire à Fos-sur-mer qui devraient employer plus de 3000 personnes d’ici 2025, sont autant d’exemples révélateurs du dynamisme que peuvent apporter les EnR électriques à notre pays.

De nombreuses entreprises françaises, de l’énergie, mais aussi du BTP ou du transport l’ont bien compris et investissent massivement dans ces énergies : c’est un pan non négligeable de la reconquête industrielle de la France. Ceux qui ne le perçoivent pas ne connaissent pas notre pays ou sont frappés de cécité.

Un cout maitrisé pour les finances publiques

Concernant les EnR, certains feintent toujours de méconnaitre des mécanismes d’ajustements pouvant être bénéfique aux finances publiques : amnésie ? Grâce au complément de rémunération, la filière éolienne et solaire est une source de plusieurs milliards d’euros de revenus pour l’État français et un amortisseur de la volatilité des prix du marché pour les consommateurs.

Au cœur de la crise énergétique qui a traversé la France et l’Europe entre 2022 et 2023, les filières EnR électriques ont largement contribué au bouclier tarifaire. Par exemple, la filière éolienne a apporté une contribution nette de 5,79 milliards d’euros au budget de l’État. Soit l’équivalent de la moitié du soutien publique versé entre 2003 et 2021 à la filière.

Une compétitivité toujours présente sur les marchés malgré les crises

Malgré l’inflation sur les matières premières, la hausse des taux d’intérêts et la crise mondiale de l’énergie, les EnR électriques sont toujours très compétitives. Elles sont bien plus résilientes aux crises et aux contextes géopolitiques que le gaz ou le pétrole. Les résultats des derniers appels d’offres solaire, éolien et éolien maritime sont tous inférieurs à 92 euros le MWh, le nouveau nucléaire serait lui estimé à 122 euros le MWh*.

Pour conclure, il peut y avoir des désaccords, des divergences d’analyses, des débats, mais ils se doivent d’être objectifs et objectivés. Présenter des opinions pour des faits est la marque des prêcheurs de paradis perdus qui pratiquent la science brune du « plus c’est gros, plus ça passe » C’est parce que c’est aussi simple, que le mensonge est dorénavant leur meilleur atout.

* Flamanville – Rapport public annuel 2024 de la Cour des comptes