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PPE : 300 milliards pour financer les EnR, le chiffre inventé pour faire peur.

Politiques publiquesSolaireÉolien terrestre
22 avril 2025

100, 200, 300 milliards d’euros c’est ce que représenterait dans les 10 prochaines années le soutien aux énergies renouvelables électriques. Une « gabegie budgétaire », dit-on. Une « bombe sur la facture des Français », entend-on. Et si on regardait tout ça de plus près ?

Depuis mars 2025, le gouvernement a mis sur la table la nouvelle Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3). Objectif : sortir enfin de notre dépendance aux énergies fossiles (encore 60 % de notre mix énergétique !), et faire de l’électricité décarbonée notre levier de souveraineté énergétique… et industrielle. Mais depuis, c’est le retour de l’instrumentalisation des chiffres. Sauf que voilà : ces 300 milliards d’euros brandis comme une menace n’existent… pas vraiment. Ou plutôt, ils ne veulent pas dire ce que l’on croit.

Des investissements indispensables… qui n’ont rien à voir avec les impôts

Sur ces fameux « 300 milliards », 200 milliards concernent les réseaux électriques. Des lignes à haute tension vieillissantes, à rénover d’urgence – avec ou sans transition énergétique. Qui paie ? Pas les contribuables. La majorité des investissements est assuré par les gestionnaires de réseaux (via des fonds propres et de la dette), avant d’être amortis sur le long terme par le biais du Tarif d’Utilisation des Réseaux publics d’Electricité (TURPE). Une autre partie est financée directement par les producteurs et les consommateurs lors de leur raccordement au réseau, à travers les facturations de raccordement, la mutualisation des coûts liés aux EnR, ainsi que les contributions des grands consommateurs.

EnR : un coût maîtrisé, des bénéfices ignorés

Les énergies renouvelables électriques (éolien, solaire…) sont accusées de tous les maux. Pourtant, les soutiens publics sont mesurés : 3,5 milliards d’euros par an via la CSPE, soit environ 35 milliards sur 10 ans. Et contrairement aux idées reçues, elles sont aujourd’hui essentielles à la stabilité du système électrique : pilotables, réactives, efficaces.

Pour les atteindre les 300 milliards que certains agitent, il faudrait additionner de manière confuse ou fallacieuse différents postes qui ne concernent pas les EnR. Jusqu’à imputer toute la CSPE et les investissements dans notre réseau électrique aux seules énergies renouvelables électriques.

Le vrai gouffre ? C’est l’inaction

Refuser d’investir, c’est continuer à payer cash notre dépendance : 64 milliards d’euros de pétrole et de gaz importés en 2024. À l’inverse, si la PPE réussit, on économise 210 milliards sur les importations d’ici 2035. Et on exporte plus d’électricité : 66 milliards de recettes potentielles. Total des bénéfices évités en cas de renoncement : 275 milliards d’euros. Avant de s’indigner des milliards qu’on investit, pensons donc à ceux qu’on économise. Cette PPE est aujourd’hui plus qu’indispensable à la France d’un point de vue économique et stratégique. Agiter des chiffres qui font peur pour maintenir le statu quo pendant 10 ans, c’est donc être certain de faire exploser la facture énergétique des français et s’assurer que la France continue à payer le prix fort sa dépendance.